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Publiée le 16/10/17 à 21h50

2ème partie de la conférence de Michel BELLET,Professeur à l’Université Jean Monnet de Saint Etienne (échanges)

L'héritage est une question ancienne, qui prend un tour nouveau dans les sociétés industrielles et post-industrielles, en particulier sur le plan économique. En effet, d'un côté l'héritage renvoie à la transmission de richesses (mais aussi de valeurs) dans un cadre familial à des fins de protection et de sécurité ; de l'autre cette transmission peut être contraire à ce qui est présenté comme une règle productive, à savoir l'acquisition de richesses à partir du travail effectif.
Dès le début du XIXème siècle, cette dualité soulève des questions très lourdes, et se développent des revendications de modification des règles d'héritage permettant de faire cesser, de limiter ou de prélever la transmission "selon la naissance", et de favoriser la seule transmission des richesses "selon les capacités".
Les propositions des saint-simoniens sont sans doute les plus significatives de ce point de vue, car elles ouvrent, dans le contexte des économies de production, une confrontation entre rente et efficacité économique, et un débat sur les critères de justice qui va courir tout au long des XIXème et XXème siècles, traversant les libéralismes, les socialismes et les républicanismes.
Encore aujourd'hui, dans des sociétés post-industrielles, financières et mondialisées, l'héritage entretient un rapport décisif avec les questions de justice et d'équité, et avec la transmission et l'élargissement des inégalités. Plusieurs travaux récents, comme ceux de T. Piketty sur le capital au XXIème siècle, en mesurent l'impact : selon lui, "l’héritage n’est pas loin de retrouver en ce début du XXIe siècle l’importance qu’il avait à l’époque du Père Goriot". La redéfinition de l'impôt (impôt sur le patrimoine, impôt progressif...) mais aussi d'autres dimensions des réformes économiques et sociales ne sont-ils pas à (ré)interroger ?
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