Les équivalences énergétiques pour les bilans : des conventions toujours discutables
Le principe général d'établissement du bilan énergétique, -l'équivalent thermique de chaque support énergétique-, est simple mais son application ne l'est pas dans tous les cas. C'est ainsi que trois groupes de sources et vecteurs énergétiques sont distingués –en fonction de la nature de chaque source ou vecteur et des données disponibles pour les comptabiliser :
Les combustibles, qu'il s'agisse de sources primaires ou de vecteurs (charbon, pétrole brut, produits pétroliers, combustibles renouvelables – biomasse, biogaz, agrocarburants et déchets –). Les données de base recueillies sur le terrain sont les quantités physiques de ces combustibles (masse ou volume).
Les vecteurs électricité et chaleur, dont les données de base sont des MWh électriques (produits ou consommés) et des MWh ou GJ de chaleur (produite ou consommée).
Les sources d'énergie primaire hors combustibles (nucléaire, hydraulique, solaire, éolien, géothermie, etc.) : l'énergie primaire n'est pas mesurée, voire pas mesurable, et elle est recalculée conventionnellement à partir de l'électricité – ou de la chaleur - produite.
A travers ces explications, vous voyez bien le caractère conventionnel d'une large part de ces équivalences énergétiques. De ce fait elles sont discutables ... et largement discutées. Ce n'est pas en soit un problème si ces conventions sont claires et si l'utilisateur des chiffres en a bien conscience.
Mais d'une part, ces conventions et leurs justifications - qui sont réelles - sont difficiles à expliquer. Nous avons ici essayé de nous démarquer des explications habituelles qui entraînent nombre de confusions. D'autre part, les chiffres des bilans sont souvent pris comme des références absolues, menant à des erreurs d'interprétation voire à des manipulations.
Avantages et inconvénients de ces conventions sont indissociables :
Les pertes de chaleur des filières thermiques de production d'électricité sont bien mises en valeur (notamment nucléaire et combustibles), mais cela conduit à surestimer le poids du nucléaire par rapport à l'hydraulique (d'un facteur 3) si l'on s'en tient à l'énergie primaire, pour une même quantité d'électricité produite.
Par ailleurs, l'électricité, comptabilisée avec son équivalent thermique, est sous-estimée dans l'énergie finale par rapport aux combustibles dont le rendement à l'usage est moindre, en particulier pour les applications mécaniques.
Mais gardons à l'esprit qu'il est difficile de faire mieux, compte tenu des données dont on dispose. Et que, tout autre système reposerait également sur d'autres conventions.
Un bilan exergétique, par exemple, qui prendrait en compte la qualité des diverses formes d'énergie nécessiterait encore plus de conventions et susciterait donc davantage de critiques !
Il est clair cependant que le système énergétique mondial va évoluer nécessairement vers une large part d'énergies renouvelables : les conventions actuelles de bilan fortement influencées par la domination des combustibles fossiles devront être revues (et pas seulement l'unité actuellement la plus courante la tep).