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Module 6-2 : Imaginer le futur du nucléaire

La dimension socio-organisationnelle de la décision : quel engagement des principaux acteurs

La décision relative à "GEN IV" s'inscrit dans un contexte scientifique et d'expertise technique propre à la France, dans lequel le CEA occupe une place centrale.

Or, celui-ci n'est pas un acteur neutre vis-à-vis de la technologie qui sera retenue :

Par le biais de Phénix, puis de Superphénix, le CEA a, en effet, très lourdement investi pour développer son expertise dans la filière des réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium.

Cet effort scientifique, technologique, humain et financier s'inscrivait dans une stratégie très élaborée qui consistait à prévoir et organiser – dès les années 1970 - le remplacement du parc de REP, encore en exploitation aujourd'hui par un parc de SFR capable de gérer l'épineuse question du stock de combustible usé issu du fonctionnement des REP.

L'arrêt de Superphénix en 1997, sur décision gouvernementale, contre la volonté du CEA, a mis un coup d'arrêt à cette stratégie et mis en péril le maintien de l'expertise acquise.

Replacé dans ce contexte historique, on comprend que le projet "GEN IV" constitue une occasion pour le CEA de relancer ses compétences dans le domaine et de prouver a posteriori la qualité de sa vision stratégique pour l'organisation de la filière nucléaire française dans son ensemble. La volonté d'inscrire le projet de démonstrateur ASTRID dans la lignée des réacteurs Rapsodie, Phénix et Superphénix et l'importance de l'investissement consenti (de l‘ordre du milliard d'euros pour les études de conception) en témoignent.

Le CNRS produit également des connaissances scientifiques susceptibles d'éclairer les choix relatifs à "GEN IV".

Mais plusieurs raisons expliquent qu'il ne joue pas un réel contrepoids face au CEA.

  • Premièrement, avec des ressources scientifiques et financières plus dispersées dans différents laboratoires et différentes équipes, le CNRS ne dispose pas d'une stratégie de recherche aussi focalisée que le CEA.

  • Deuxièmement, le CNRS n'est pas tourné vers l'articulation des connaissances scientifiques avec le développement de l'expertise technologique nécessaire à la conception, puis à la construction et l'exploitation des réacteurs.

C'est pourquoi, le CEA conserve une place centrale dans la définition du socle des connaissances scientifiques et techniques mobilisables pour prendre une décision dans le cadre de "GEN IV".

Le rôle central joué par le CEA est encore renforcé par les positions que ses représentants occupent au sein de diverses instances scientifiques (CNE, commissions et comités...) qui produisent des rapports et font office de courroie de transmission avec le pouvoir législatif (Assemblée Nationale et Sénat) et le pouvoir exécutif (les ministères) impliqués dans les décisions relatives à la politique nucléaire de la France. Sans en être tout à fait absent, le CNRS y est nettement moins représenté.

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