Un premier exemple : le système pétrolier
Prenons quelques exemples concrets, en nous appuyant sur les chaînes énergétiques qui nous ont servi d'illustrations, à plusieurs reprises.
Des acteurs clés
En examinant l'ensemble de la chaîne pétrolière, on peut identifier immédiatement quelques acteurs clés, gérant directement les flux d'énergie ou les dispositifs techniques : les compagnies pétrolières et l'ensemble des entreprises qui gravitent autour de l'exploration et de la production, du transport du pétrole brut, du raffinage, les distributeurs, les industriels de l'automobile et des transports, les consommateurs, petits ou gros, organisés ou non.
L'actualité met régulièrement en lumière l'importance d'autres acteurs non associés directement aux composants matériels de la chaîne pétrolière : les Etats qui contrôlent plus ou moins la production dans les pays où des ressources existent ; les ONG ou des groupes de citoyens, opposés localement à l'exploitation.
D'autres acteurs sont eux quasiment invisibles aux yeux du grand public : citons par exemple les marchés et la multitude de lieux et d'institutions où s'exerce la concurrence entre les compagnies ; mais aussi tous les lieux de coopération entre elles, par exemple en matière de normalisation, de recherche, de montage de grands projets à risques ou de lobbying.
Le rôle de l'Etat
Par ailleurs, les pouvoirs publics, et l'Etat au premier chef, sont impliqués dans un grand nombre d'aspect du système pétrolier, y compris dans les pays non producteurs :
régulation des marchés ;
contrôle des activités polluantes et à risques ;
budget de l'Etat, car la fiscalité des carburants représente dans de nombreux pays une ressource fiscale essentielle ;
défense et relations internationales du fait de l'importance stratégique du pétrole...
De ce fait l'Etat ne constitue pas un acteur unique mais un ensemble d'acteurs ayant chacun une logique propre à sa mission et donc pas forcément cohérents.
Un exemple parmi d'autresExemple
Un exemple parmi d'autres : pour réduire les émissions de CO2 et la pollution atmosphérique aux particules et ses impacts sanitaires, des politiques de transfert modal pour le transport des marchandises seraient largement bénéfiques. Elles auraient en outre un effet positif en termes de dépendance géostratégique et de balance des paiements.
Mais elles induisent une mutation majeure pour le transport routier, secteur important en termes d'emplois et d'activités économiques, déjà fragilisé par la concurrence européenne.
En outre, l'Etat hésite à se priver des rentrées fiscales liées aux taxes sur les carburants.
Remarque
Cet exemple permet quelques remarques de portée très générale.
Différents acteurs sont ici porteurs d'objectifs différents, voire contradictoires.
Les questions énergétiques et environnementales s'insèrent dans une série d'autres enjeux et se trouvent diluées.
La puissance publique, en charge d'arbitrer, est elle-même partagée du fait d'intérêts divergents.
La recherche d'un équilibre entre les 3 piliers du développement durable (l'économique, le social et l'environnemental) constitue un principe de réflexion fécond. Mais dans le concret, cela ne va pas de soi. De fait, la recherche simultanée d'objectifs divers oblige à des arbitrages impliquant de nouveaux modes de régulation, de négociation et de gouvernance.